BULLES DE LUMIÈRE À LA GALERIE DA END
L’élégant décor noir de la Galerie Da End fournit un cadre idéal aux fascinantes pièces de verre de Kim KototamaLune. Dans ces oeuvres complexes, un travail de verrerie filée d’une exceptionnelle finesse est associé à des éléments de verre soufflé, soit que le résultat forme une sculpture unique, soit qu’il se présente comme un agencement composite. Dès l’entrée, l’oeil est ainsi attiré par une grande forme animale en suspension au-dessus d’un « jardin » de plantes inquiétantes, ou de corpuscules incertains ; séduit par la profusion inventive des formes, on en devine mille sens possibles, un peu comme devant un panneau de Bosch. Plus loin, en haut de quelques marches, un buste de verre est placé au centre d’une gage translucide sur les parois de laquelle se trouvent projetées des surfaces énigmatiques et changeantes.
D’autres pièces évoquent davantage des silhouettes de poissons ou d’insectes, comme si de grands fonds marins avaient été pris dans la dentelle d’une résille de glace incroyablement subtile. La délicatesse du geste artistique force ici l’admiration, en même temps que l’esprit du cabinet de curiosité, cher à la galerie, est parfaitement honoré par la double excentricité des « créatures » suggérées et de la matière utilisée, « côtoyant l’immatériel de manière troublante », selon les termes de l’artiste.
Des photographies de Satoki Nagata accompagnent l’exposition. La technique employée, très élaborée, fait que les visages y bénéficient d’un halo de paillettes lumineuses, qui font directement écho aux bulles des verres de Kim KototamaLune et confèrent une forme d’irréalité magique aux fonds urbains. Les noirs et blancs intenses, très beaux, répondent eux aussi aux transparences et aux opacités des volumes. C’est donc un accrochage des plus réussis qu’offre à nouveau la Galerie Da End, entre virtuosité technique et ouverture aux grands espaces du rêve.
Exposition 17 rue Guénégaud jusqu’au 24 juin.
Photos courtesy de la galerie.