JEAN-CLAUDE LARRIEU À LA GALERIE GUTKNECHT
PAR ALAIN RAUWEL
Tad Mondale, 1979
De Jean-Claude Larrieu on connaît bien certaines photos devenues iconiques, faisant revivre le Paris des années Palace. L’exposition que présente la Galerie Kutknecht pour l’inauguration de son espace parisien met à l’honneur un Larrieu plus intime, chroniquant par l’image une décennie de vie domestique et amicale autour de son appartement de la Goutte d’Or. On reconnaît au passage des silhouettes familières comme Hervé Guibert ou Bernard Faucon, saisi en pleine action pour l’une de ses photos enfantines les plus spectaculaires, « Le Banquet ». Sur un balcon franchement décati, mais dans la splendeur de leurs atours, les Gazolines rappellent des années plus libres et coruscantes que notre long hiver conformiste. La plupart des jeunes hommes qui peuplent les images de Larrieu ne s’imposent toutefois que par leur présence et leur beauté, une beauté merveilleusement seventies.
Avec Hervé, 1981
Ils sont saisis au fil d’un quotidien aux apparences joyeuses, souvent autour d’une table, dans la lumière d’un matin d’été ou sous la lampe du soir. Le bonheur d’être ensemble se passe aisément des hochets du luxe pour magazines. De toute la série se dégage une impression de sensualité douce, dont la saveur et le grain sont ceux des torses lisses d’une jeunesse triomphante, sans affectation. Une tendre fantaisie désamorce toute tentation de sérieux, ainsi dans « Le coffre » où deux jeunes gens émergent drôlement d’une malle en osier. On prend plaisir à rester longtemps devant les photos de Jean-Claude Larrieu, entre souvenirs d’un temps élargi désormais aux dimensions du mythe et pure jouissance d’un charme intemporel.
La terrasse de la Goutte d’Or, 1983
78 rue de Turenne – Paris IIIe
