RÉGINA DEMINA, REALISATRICE SENSIBLE

ENTRETIEN GUILLAUME DE SARDES

Un an après son premier court-métrage intitulé « Le Ciel est vide », la jeune réalisatrice Régina Demina achève « Die Fraü ». Après une première à La Pagode et en attendant le festival « A shaded view on fashion film » au Centre Pompidou, son film est projeté aux Voûtes (19 rue Frigos, 13e arrondissement de Paris), le lundi 18 juin, en même temps que « The shape of art ton come » de Julien Levy.

Avec le triptyque « Die Fraü » (17min) vous achevez un nouveau court-métrage. Pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit ?

Pour ce qui est de la forme, c’est un film entre fiction et art contemporain. Quant au fond, j’ai voulu traiter des amours saphiques de façon fétichisée et distanciée. Les trois volets de « Die Fraü » mettent en scène trois couples de jeunes femmes dans des lieus clos. Le manque d’éléments de contexte confère à ces trois saynètes quelque chose de mystérieux, d’oppressant, mais aussi, je l’espère, de poétique.

Quelles sont les œuvres qui ont influencé ce travail ?

Les premières pages de « Thérèse et Isabelle » de Violette Leduc m’ont donné l’idée du troisième volet de mon triptyque. Ce roman, d’une écrivain un peu oubliée, décrit l’amour tendu, parfois cruel qui lie deux pensionnaires d’un lycée au début du XXe siècle. « Sombre printemps » d’Unica Zürn m’a durablement marqué. Dans ce récit autobiographique, l’amour total qu’Unica Zürn enfant voue à un homme croisé dans une piscine est décrit avec beaucoup de justesse. Les cinéastes Bertrand Bonello et Wong Kar-Wai m’ont eux influencé par leur manière de suggérer une tension érotique, d’être dans le « non-dit ». Un peu paradoxalement, le travail photographique d’Hellen van Meene et d’Erwin Olaf (surtout sa série « Grief ») est pour moi tout aussi important.

Il faut dire que, de manière assez originale, vous confiez la photographie de vos films, non pas à des chefs opérateurs mais à des photographes.

Oui, pour « Die Fraü » j’ai travaillé avec le photographe de mode Hervé Haddad et avec Nicolas Comment de la galerie VU’. Ce qui m’intéresse chez les photographes c’est qu’ils ont un œil, un style très personnel. En outre, ayant beaucoup posé comme modèle, je partage avec eux le même vocabulaire. Nous nous comprenons bien.

Guillaume de Sardes

A propos de l'auteur

Guillaume de Sardes est écrivain, photographe et vidéaste. Il dirige la rédaction de Prussian Blue.