DENIS KUZMENKO : BACK IN THE USSR?

DENIS KUZMENKO : BACK IN THE USSR?

Né en 1986, Denis Kuzmenko n’a presque pas connu la Russie du court XXe siècle, celle des Soviets. Mais les images qu’il propose en ce début de XXIe siècle indiquent au mieux l’étrangeté d’une civilisation pas tout à fait d’ici, pas tout à fait d’ailleurs.

Formé à l’architecture, dont il reconnaît qu’elle est une formidable école de l’oeil, Kuzmenko est un grand collectionneur de vieux appareils argentiques. Avec ces héritages d’un autre temps, il photographie des scènes terriblement contemporaines, ces nuits mondialisées d’Homo festivus où les filles sont presque nues, et le vin pas toujours gai. Des smartphones glissés dans la ceinture des sous-vêtements disent bien la frénésie de la connexion intégrale, tandis qu’apparaissent sur les murs ou les écrans les statues du commandeur de l’ordre cléricalo-poutinien.

Le choix de mettre en scène ces moments de vraie ou fausse évasion dans un lieu toujours semblable ouvre toutefois comme un espoir d’utopie, la perspective de créer, loin des KGB d’hier et d’aujourd’hui, un espace libertaire de sensualité rédemptrice. Kuzmenko aime à citer la fameuse sentence dostoïevskienne : « la beauté sauvera le monde ». Son travail vise à en donner une lecture résolument post-théologique, au plus près de ces corps jeunes qui, en Russie comme partout, signent peut-être la fin du vieux monde.

 

François Croissy

A propos de l'auteur

François Croissy est un dilettante à qui il arrive de s’adonner au journalisme.