CINDY SHERMAN CHEZ GAGOSIAN. 14 SEPTEMBRE – 10 OCTOBRE 2012

CINDY SHERMAN CHEZ GAGOSIAN. 14 SEPTEMBRE – 10 OCTOBRE 2012
TEXTE ET PHOTOGRAPHIE GUILLAUME DE SARDES

Vide. La galerie Gagosian, le jour du vernissage de Cindy Sherman réservé à la presse, était vide. Cette Galerie est pourtant l’une des plus importantes et prestigieuses qui soit et Cindy Sherman une photographe de renommée internationale. Une de ses photographies était même devenue en 2011, avant d’être détrônée par « Rhein II » d’Andreas Gursky, la plus chère du monde : « Untitled #96 » (1981) s’était alors vendu 3,89M$ chez Christie’s. Les vernissages n’intéresseraient-ils les journalistes que dans leur dimension mondaine, les œuvres seules échouant à motiver leur venue ? 

Cindy Sherman pratique depuis sa première exposition, en 1979, l’autoportrait conceptuel. A la fois artiste et modèle, elle a commencé par se mettre en scène dans des images inspirées des films de série B des années 50, incarnant différentes figures d’héroïnes, avant de s’inspirer des codes de la photographie de mode pour les subvertir, en se montrant sale, défaite et soumise. Dans la série « Hollywood/Hampton Type » (2000-2002), elle plagie la beauté artificielle des femmes abusant de la chirurgie esthétique. C’est donc toujours la question de la féminité comme construction sociale que pose l’œuvre de Cindy Sherman. 

Cette question paraît néanmoins s’effacer dans cette nouvelle série présentée à la galerie Gogosian. Elle prend du moins un caractère plus général. L’intérêt de ce travail récent est plutôt à chercher dans le rapport entre le personnage incarné par Cindy Sherman et le paysage dans lequel celui-ci prend place. Ce rapport est contradictoire. D’abord parce que Cindy Sherman, comme une nouvelle Mona Lisa, se met en scène dans des paysages désolés. Le raffinement de ses tenues contraste ici avec la rudesse de la nature. Ensuite, parce qu’elle ne s’inscrit pas réellement dans le paysage : elle est devant. Elle est plus grande que le monde sauvage qui l’entoure, comme séparé de lui, dans une inversion de la hiérarchie romantique. 

Guillaume de Sardes

A propos de l'auteur

Guillaume de Sardes est écrivain, photographe et vidéaste. Il dirige la rédaction de Prussian Blue.

A propos du photographe

Guillaume de Sardes est écrivain, photographe et vidéaste. Il dirige la rédaction de Prussian Blue.

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