VOYAGE À BAKOU
TEXTE ET PHOTOGRAPHIE GUILLAUME DE SARDES
Pourquoi Bakou ? Je ne sais presque rien de cette ville, ni de son histoire. Elle m’évoque une étape sur la route de la soie, un caravansérail et des champs pétrolifères à perte de vue. Je n’en ai en tête qu’une image floue. Mais à quoi bon voyager si c’est pour découvrir ce qu’on connaît déjà ?
Les « Flame Towers » dominent la ville. On voit ces tours de métal et de verre où qu’on se trouve. Il s’agit d’un complexe résidentiel conçu par le cabinet d’architecture américain HOK, spécialisé dans les gratte-ciels. Ces trois tours me paraissent symboliser à elles seules les grandes ambitions de ce petit pays coincé entre l’Iran et la Russie.
Ici et là, la coupole et les minarets d’une mosquée se découpent sur le ciel, rappelant que nous sommes en terre d’Islam. En Azerbaïdjan, la religion est cependant cantonnée au secret des consciences. Le pays est la première république laïque d’Orient, fondée en 1918. Le prosélytisme est interdit. Différentes communautés vivent en paix : musulmane, chrétienne, juive, zoroastrite. Les femmes votent, ne portent pas le voile, sortent danser. On vit à Bakou comme à Paris.
Grâce à Zaur, un ami diplomate, je visite l’Assemblée nationale. À l’entrée une statue d’Heydar Aliyev. Son ombre tutélaire s’étend encore sur le pays. Ancien haut gradé du KGB, ancien membre du Politburo soviétique (nommé par Andropov puis écarté par Gorbatchev), il est élu deux fois Président de la République de 1993 à 2003. Fin stratège, il fait construire un oléoduc de Bakou à Supsa, en Géorgie, évitant la Russie et fondant ainsi l’indépendance économique et politique de son pays.
Le Centre culturel Heydar-Aliyev. Conçu par l’architecte irakienne Zaha Hadid, prix Pritzker 2004, il est un des plus élégants bâtiments de la ville. J’y passe quelques heures, attendant la tombée de la nuit. Sa forme me rappelle celle de l’Ilandagh, une montagne du Sud-Ouest du pays.
Bakou est un port, comme tant d’autres villes que j’aime : Nice, Beyrouth, Istanbul, Saint-Pétersbourg… La mer Caspienne est très présente : l’odeur, le vent, les oiseaux.
Quelques promenades au hasard des rues, de bons restaurants, un club. J’aurai finalement peu vu Bakou la nuit. Je suis parti sans raison ; j’en ai maintenant une de revenir.