LES VIDÉOS DE LA COLLECTION D’HÉLÈNE NGUYEN-BAN

LES VIDÉOS DE LA COLLECTION D’HÉLÈNE NGUYEN-BAN

TEXTE PAR FRANÇOIS MICHAUD

PORTRAIT PAR GUILLAUME DE SARDES

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Vous entrez. Sans doute posez-vous quelque part vos bagages, car on est ici entre deux portes, entre deux étapes d’un voyage qui ne semble pas fait pour s’interrompre. Vous levez les yeux. Un visage de Zhang Xiaogang vous fixe sans vous voir ; un visage calme, extraordinairement large et sans le traitement en grisaille si caractéristique de l’artiste – dans celui-ci, l’apparence d’une carnation irradie sous la peau forcément synthétique. Quelle introduction à la collection vidéo que vous êtes venu voir !

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Vous apprenez que celle qui a rassemblé ces œuvres est bien une seule et même personne – peintures et photographies contemporaines chinoises, vidéos occidentales, œuvres de Pierre Soulages… Image d’une collection dont le commencement se situerait autour de l’an 2000 – comme nous disions autrefois. Un instant, je songe à ce portrait du futur que Roman Ondák a demandé à ses amis de composer, rassemblant ainsi des dessins incroyablement divers, produits du savoir ou de l’inspiration de l’enfance, œuvres anonymes qu’un même regard embrasse (Futuropolis, 2006). Peut-être Hélène Nguyen-Ban a-t-elle voulu un peu cela.

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Dans l’escalier, les yeux de Douglas Gordon vous arrêtent : deux écrans perpendiculaires accrochés assez haut (Picabia, lui aussi, plaçait ses Espagnoles de sorte que l’on croie qu’elles pouvaient vous guetter). Avant, dans la salle du bas, vous aviez aperçu Yseut – celle de Bill Viola bien sûr, une de ces œuvres verticales qui paraissent si difficiles à vivre, c’est-à-dire qu’il semble difficile de demeurer avec elles au quotidien. Pourtant, de l’idée du passage, de ce retour éternel du même si propre à l’Asie, se dégage une sorte d’unité abstraite et subtile ; puis, tout près, Charles Sandison déploie ses caractères à l’infini – mais en tout petit, au format d’un tableau : une pièce de méditation. Cette collection est un hommage au rectangle, ainsi qu’aux artistes que cette technique (« l’écran plat ») a su inspirer : ceux que ne rebutait pas, ne décourageait pas la comparaison avec la peinture. Ne cherchez pas ici de lettres, d’explications… quand il y a des phonèmes, comme chez Sandison, ce sont des idéogrammes.

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Bill Viola, Isoldes ascension

 

 

A propos du photographe

Guillaume de Sardes est écrivain, photographe et vidéaste. Il dirige la rédaction de Prussian Blue.