ENTRETIEN AVEC JEAN-LUC MONTEROSSO : UNE PASSION DISCRÈTE
ENTRETIEN ET PHOTOGRAPHIE GUILLAUME DE SARDES
Comment en êtes-vous venu à diriger la Maison européenne de la photographie ? Quel est votre parcours ?
J’ai proposé la création de la MEP en 1988, au Maire de Paris de l’époque. Ce projet a été accepté, je l’ai suivi pendant toute la réalisation des travaux et, à l’ouverture, j’ai pris tout naturellement la direction. La MEP est arrivée à la suite d’un parcours consacré, depuis mes débuts professionnels, à l’image, puisque j’ai commencé ma carrière comme responsable de la division audiovisuelle du Centre Pompidou en 1974, que j’y suis resté trois ans jusqu’à l’ouverture du Centre et que parallèlement, j’avais une chronique régulière sur la photographie dans les pages culturelles, dirigées par Henry Chapier, du Quotidien de Paris. Quad je suis arrivé à la Ville, à la demande de Marcel Landowski, comme chargé de mission pour l’audiovisuel et la photographie, j’ai poursuivi dans cette voie. C’est dans ce cadre que j’ai créé en 1980 le Mois de la Photo à Paris, avec Henry Chapier alors Président de l’association Paris-Audiovisuel, et l’Espace photographique de Paris que j’ai dirigé de 1985 à 1997.
Selon quels critères évaluez-vous l’oeuvre d’un photographe ?
Pour moi, une oeuvre doit s’inscrire dans une histoire des formes et apporter dans cette histoire un regard nouveau.
Quelles sont les expositions dont vous êtes le plus fier ?
Je ne suis pas « fier » des expositions qui sont montrées à la MEP, je suis simplement satisfait lorsqu’une oeuvre rencontre son public. Ce fut le cas par exemple de l’exposition de Pierre et Gilles en 1996 (qui a été leur première grande rétrospective à un moment où ils n’étaient pas encore tout à fait reconnus par les institutions). Mais je suis heureux aussi de montrer parfois des oeuvres difficiles, comme celles de Markus Raetz ou de Bernard Lamarche-Vadel ou encore d’artistes en devenir dont c’était la première exposition dans un musée à Paris, comme Martial Cherrier, Martin d’Orgeval ou Charles Fréger.
Quels sont les photographes contemporains qui vous intéressent particulièrement ?
Tous ceux qui, à la manière de Bernard Faucon, nous obligent à regarder le monde autrement.
Vous êtes de ceux qui sont parvenus à imposer petit à petit la photographie comme un art. Comment cela s’est-il passé? Qu’en est-il aujourd’hui du statut de la photographie face aux autres arts ?
Le passage de la photographie du document à l’oeuvre d’art, en France, s’est effectué entre 1980 et 1995. Je crois que cela a été la conjonction de plusieurs facteurs : la prolifération des galeries privées, la naissance d’un marché, la création dans les musées d’un département photo, la création de l’École Nationale d’Arles. Mon rôle a été d’accompagner ce mouvement en donnant une visibilité plus grande à la photographie, grâce au Mois de la Photo à la MEP.
Collectionnez-vous ?
Oui, mais pas de la photographie. Des livres et des dessins et gravures d’art contemporain.